Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Être à vos côtés, le 24 avril, c’est dire chaque année, inlassablement, notre refus que le temps ensevelisse les victimes du génocide dans l’oubli.
Ce 94eme anniversaire du génocide arménien suscite encore chez chacun d’entre nous une très vive émotion : celle du souvenir et du devoir de mémoire envers plus d’1 million 500 000 Arméniens victimes des atrocités perpétrées par le gouvernement Jeune-Turc dans l’empire Ottoman.
Il nous rassemble aussi chaque année, non pas pour satisfaire à une obligation répétitive, mais pour nous donner l’occasion de nous pencher sur un événement marquant de notre Histoire et tenter d’en retrouver tout le sens.
Il renforce toujours davantage notre détermination à obtenir, pour toutes ces victimes, justice et vérité devant l’Histoire.
Bien que le Génocide arménien soit reconnu par de nombreux parlements de par le monde, l’Etat turc continue à nier avec véhémence qu’il y ait eu un processus d’élimination planifié par l’Etat, processus qui a ôté la vie à plus de 1 500 000 Arméniens.
En 2007, le négationnisme quasi centenaire de l’Etat turc a conduit à l’assassinat du journaliste Hrant Dink en Turquie et à la fuite du Prix Nobel de littérature Ohan Pamuk.
Tous deux avaient osé parler du génocide Arménien dans ce Pays où dès l’école maternelle on apprend aux enfants que les Arméniens sont des traîtres, des ennemis de la nation, que le génocide arménien n’est qu’un vaste mensonge tiré d’un complot mondial contre la Turquie.
Devant cet état de fait, il convient de rappeler sans cesse la vérité.
Et, lorsque la vérité dérange les ignorants, ce n’est pas à celui qui sait de se taire mais à l’ignorant d’apprendre !
La vérité c’est qu’en 1915, l’Etat turc s’est employé à éliminer physiquement le peuple Arménien qui vivait sur les terres d’Anatolie depuis 2000 ans.
La vérité c’est que depuis 1915, l’Etat turc tente de détruire l’une des seules choses qui reste à la victime… sa mémoire.
Cette commémoration doit être l’occasion de lutter contre le négationnisme du génocide arménien.
Cette lutte ne doit pas seulement concerner les seuls arméniens, mais nous tous, car ce combat est celui de la vérité.
Alors oui, cette année, comme les années précédentes, comme les prochaines années, nous continuerons à nous rassembler, comme aujourd’hui, pour refuser de nous taire, pour entretenir le souvenir des 1 500 000 hommes, femmes et enfants, exterminés simplement parce qu’ils étaient arméniens.